Berlin: Die Sinfonie der Großstadt (1927) - Walter Ruttmann
Ciné-concert - durée : 65 min
Instrumentation : orchestre symphonique par 3
Tourné en 1926 dans un Berlin industriel et déluré, le film documentaire de Walter Ruttmann relate une journée berlinoise de la première activité matinale aux voluptés nocturnes.
Véritable hymne au mouvement, à la vie, à la vitesse, à la modernité, le film de Walter Ruttmann juxtapose des milliers de plans à une cadence infernale. Filmant trains à vapeur, tramways, foules à pied, travailleurs, danseuses, enfants et mendiants, Ruttmann nous insuffle le flux presque ininterrompu d’une mégalopole en pleine expansion.
Presque un siècle plus tard, le film n’a rien perdu de son rythme effréné et continue à fasciner par la modernité de son montage.
Regarder cette symphonie berlinoise au XXIe siècle c’est plonger avec émotion dans une ville qui n’existe plus. Quasiment impossible en effet de reconnaitre le Berlin d'aujourd'hui dans les images de Ruttmann qui fixent un tableau vivant disparu et constituent un témoignage sans pareil sur une ville à jamais transformée par l’histoire.
Pourquoi le choix de ce film pour une nouvelle mise en musique ?
Ce film est une véritable symphonie visuelle qui met scène d'une manière tout à fait fascinante l’activité et les rythmes du monde urbain. Il résonne avec mes préoccupations musicales actuelles pour différentes raisons.
D’une part, le rythme du montage qui articule les différents plans et le rythme interne propre aux images confèrent à ce film une musicalité particulièrement intéressante pour un compositeur. La composition des plans, la structure mécanique et rythmée des séquences sont extrêmement stimulantes pour la composition d’une partition pulsée, avec un travail spécifique de recherche sur le rythme et la pulsation. J’envisage également un travail particulier sur le timbre en proposant une musique où le son de l’orchestre est orienté sur la voie de la musique concrète et électronique.
La dimension spectaculaire de ce film avec ses plans monumentaux sur la ville et les immeubles nécessite le recours à une formation orchestrale de taille à rivaliser avec la puissance des images, ce qui explique mon choix d’un orchestre par trois.
D’autre part, le sujet de ce film touche à des thèmes contemporains fondamentaux qui m’inspirent en tant que compositeur : l’humain et sa place dans l’environnement urbain, les rythmes biologiques et ceux de notre société contemporaine. Déjà au cœur des préoccupations du mouvement futuriste au début du XXe siècle, ces thèmes restent totalement d’actualité dans une société où les rythmes biologiques sont façonnés par l’environnement urbain. Flux, organisation, espace, tout doit contribuer à ce que notre rythme de vie concorde avec une société fondée sur la vitesse, la performance, et la productivité.
De manière générale, je souhaite mettre en valeur la construction esthétique et structurelle des plans de cette symphonie urbaine en écrivant une partition qui prend en compte ses caractéristiques rythmiques, tout en proposant différents degrés de distanciation par rapport aux images. Ces différentes stratégies dans ma composition permettront d’apprécier à la fois la complémentarité et l’indépendance de la musique et des images.
English
Berlin: Die Sinfonie der Großstadt (1927) - Walter Ruttmann
Silent film - duration: 65 min
Instrumentation: large orchestra
Filmed in 1926 in a wild and industrial Berlin, this documentary by Walter Ruttmann recounts a day in Berlin, from its early morning activities to its voluptuous nocturnal happenings.
Filming steam trains, streetcars, crowds on foot, workers, dancers, children and beggars, Ruttmann brings us to life the almost uninterrupted flow of a booming megalopolis by juxtaposing shots at a frenetic pace.
Berlin: Die Sinfonie der Großstadt is an urban symphony, a true homage to movement, speed, modernity, and to life. Almost a century later, the film has lost none of its dynamism and continues to fascinate with the modernity of its editing.
Watching this film today is an immersion in a city that no longer exists; a Berlin that we hardly recognise today. In fact, Ruttmann’s images are a moving tableau that attest to a city that has disappeared and has been forever transformed by time.
Why the choice of this film for a new setting in music?
The film’s rhythm and its rapid activity resonates with my current musical concerns.
The editing of the different shots combined with the internal rhythms specific to each shot gives this film a particularly interesting musicality that attracts me as a composer.
The composition of the shot itself and the mechanical and rhythmic structure of the sequences are extremely in line with my research and interest in pulsating rhythms, and provides an impetus to create a score with a clear pulse. I am also inspired to consider a timbral palette that orients the orchestral sound towards that of the concrete and electronic world.
The spectacular dimension of this film with its monumental shots of the city and the buildings requires the use of a sizable orchestral formation to balance out the power of the images – hence my choice of an orchestral force of 3 3 3 3/4 3 3 1/timp./Perc(3)/harp/Piano/ Strings.
Very importantly, the subject of this film touches on fundamental contemporary themes that inspire me as a composer: the human and his place in the urban environment, the biological rhythms and those of our contemporary society. Already central to the concerns of the Futurist movement at the start of the 20th century, these themes remain fully relevant in a society where biological rhythms are shaped by the urban environment. Flow, organization, space, everything must contribute to making our pace of life consistent with a society based on speed, performance and productivity.
In general, I wish to highlight the aesthetic and structural construction of the shots of this urban symphony by writing a score that takes into account its rhythmic characteristics, while simultaneously proposing differing degrees of disassociation from the images.
These musical strategies in my composition will allow the relationship of the music and image to be both complementarity and independent of one another.
Presse
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